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mardi 7 février 2017

Conférence de février : L'essor de l'art du portrait en France et en Lorraine à l'époque romantique

Mardi 14 février 2017 à 20h30 salle des Adjudications
Entrée gratuite
Norbert de Beaulieu nous fait l'amitié de nous entretenir sur un sujet à la croisée de l'histoire et de l'histoire de l'art. Le conférencier a préparé une belle présentation, la voici in extenso.


L'essor de l'art du portrait en France et en Lorraine à l'époque romantique (1815-1848)

À l'époque de la peinture figurative, il existait plusieurs "genres": la peinture d'Histoire, le paysage, la nature morte et le portrait.
Celui-ci, d'abord considéré comme un genre mineur, connut un âge d'or au cours des "années romantiques". Les statistiques des Salons parisiens en témoignent : entre 1814 et 1844, la proportion des portraits exposés est passée de 8% à 32% !

Ce phénomène s'explique d'une part par un désir croissant de détenir et de transmettre un souvenir de soi, mais aussi par un nouvel état d'esprit, apparu en force après les guerres napoléoniennes: à la suite de la Révolution et de l'Empire, toutes les classes de la nouvelle société aspiraient d'abord à un apaisement, et rêvaient de trouver un refuge au sein de la Nature, comme l'avait déjà conseillé Rousseau, mais aussi dans le cercle familial. Jamais on n'avait accordé autant de place à l'expression de la sensibilité.

Ces éléments se retrouvent donc dans les portraits individuels ou de groupe, dans les très nombreux portraits d'enfants et aussi dans l'arrière-plan de ces tableaux, qui n'est jamais anodin et mérite que l'on s'y attarde. Le portrait romantique n'est plus un portrait d'apparat, mais un portrait profondément humain, un instant de vie. Les peintres, imprégnés de lectures, de musique et de théâtre, aspiraient à la perfection, mais aussi à la poésie et s'efforçaient de scruter et de restituer l'âme de leurs modèles. La mélancolie était dans l'air du temps; elle est perceptible dans la plupart des portraits (surtout féminins) de ces trois décennies, dont la charge affective ne peut laisser indifférent.

Mais chaque portrait est aussi un précieux document pour les historiens et les historiens de la mode. Que serait un livre d'Histoire, une biographie sans portraits ? Grâce aux détails vestimentaires et aux accessoires minutieusement et magistralement rendus par les crayons ou les pinceaux, une datation très précise des œuvres est possible. L'apparition de la "coiffure à la girafe", en 1827, celle des "manches à gigot" et de la silhouette féminine "en sablier" des années 1830 ne manqueront pas de nous faire sourire aujourd'hui, mais elles étaient prises très au sérieux par les élégantes de l'époque, et ce dans toute l'Europe, car Paris donnait le ton ! Et ces toilettes ont en fait beaucoup de charme et de raffinement. Nous ferons donc un voyage chronologique dans le temps, entre le Ier Empire et la fin de la Monarchie de Juillet, en suivant l'évolution de la mode.

Les grands ateliers de formation étaient à Paris et accueillaient de nombreux jeunes peintres venus de province et de l'étranger. Seuls les meilleurs d'entre eux avaient le privilège de suivre les cours des maîtres. L'École des miniaturistes lorrains, autour de Jean-Baptiste Isabey, est certes bien connue. 

Jean-Baptiste Isabey (1767-1855)


Mais de nombreux portraitistes d'origine lorraine ont également fait leurs preuves dans les portraits de grand format : ils furent très appréciés non seulement dans la capitale, mais aussi par une clientèle étrangère, comme à Londres pour le Nancéien André Léon Larue dit Mansion ou à la Nouvelle-Orléans pour Jean-Joseph Vaudechamp, élève de Girodet né à Rambervillers...
Il est tout à fait plausible de parler d'une "autre Écoles de Nancy", antérieure à celle que nous connaissons, et d'en réhabiliter les membres éminents, parmi lesquels des femmes ! 

Ce sera l'objet de cette conférence.

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