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jeudi 20 novembre 2014

Séance de novembre 2014 #3 (L'archéologie appliquée à l'identification d'Alain-Fournier et de ses compagnons d'armes)



Après une présentation du travail de l'archéologue, lequel doit se faire parfois dans des conditions loin des clichés idylliques "pyramides-soleil-brosse à dent", Frédéric Adam, Archéo-anthropologue à l'INRAP, a présenté ses travaux qui en novembre 1991 lui ont permis d'exhumer d'une fosse dans les bois de Saint-Remy-la-Calonne, 21 soldats parmi lesquels 19 ont pu être identifiés dont Alain Fournier.
Dans un exposé très complet, le conférencier a expliqué les méthodes de travail utilisées pour exhumer et identifier les corps, et comment il a pu déterminer dans quelles conditions ces soldats étaient morts, démontant ainsi les hypothèses peu glorieuses qui avaient été émises sur les circonstances possibles de leur décès le 22 septembre 1914.

Il a évoqué les difficultés rencontrées pour obtenir les autorisations, les préjugés concernant archéologie anthropologique qui n'existait pas pour une période appartenant à l'histoire récente. C'est en effet à partir de l'identification d'Alain Fournier que l'archéologie a pu se faire dans un contexte autre que l'Antiquité ou le Moyen-âge, sur une époque appartenant à l'histoire contemporaine.
C'est grâce à Jack Lang, alors ministre de la culture, ayant vu dans cette action l'opportunité d'un succès médiatique dans l'exhumation d'un écrivain populaire, que les fouilles ont pu être engagées.

Dans ses conclusions, Frédéric Adam a évoqué d'autres recherches du même type, notamment la découverte de 26 soldats à Fleury-devant-Douaumont en mai 2013. Il a expliqué la légèreté avec laquelle sont mises en œuvre des exhumations de soldat moins "illustres", en raison notamment du manque de moyens dont dispose le service des sépultures de guerre du ministère de la défense..

Il a fait état des pillages sur les anciens champs de bataille par des collectionneurs dont les prélèvements de mobilier civil ou militaire nuisent aux identifications des corps, et de la lourde peine encourue par les contrevenants indélicats… sans compter le caractère dangereux des fouilles sauvages en raison du nombre d'obus et grenades non explosés encore présents tout au long des 750 km que constituait le front.

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Photo : Source Internet
Henri-Alban Fournier, sous-lieutenant dans le 88ème RI, est promu lieutenant dans le 288e régiment d’infanterie issu du précédent à la mobilisation.
Le groupe trouve très probablement la mort lors d'un encerclement. Les allemands les ont enterrés dans une fosse peu profonde au milieu de la forêt qui restera territoire allemand jusqu'à la fin du conflit à 400m de la tranchée de Calonne.


Le site tel qu'on peut le voir actuellement - Photos © Alain Saintot

Plus sur le sujet dans le n°35 de la revue Archéo Théma ; 3 articles de Frédéric Adam :

- La découverte du corps d’Alain-Fournier et de ses frères d’armes
- Traumatismes et blessures d’après l’analyse des squelettes
- Approche archéoanthropologique des tombes de soldats disparus en Lorraine

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